J’ai besoin de connaître ton amour. Permets-moi de marcher en beauté
Et fais que mes yeux soient toujours émerveillés
Par le rouge et le violet des couchers de soleil. Fais que mes mains respectent les choses
Que tu as faites et que mes oreilles soient attentives à ta voix.
« Donne moi la sagesse »
Pour que je puisse comprendre ce que tu nous enseignes. Permets-moi d’apprendre les leçons
Que tu caches sous les feuilles et les pierres. Je demande la force non pas pour dominer mes frères,
Mais pour combattre mon plus grand ennemi, moi-même. Fais en sorte que je sois toujours prêt à venir à toi
Les mains propres et le regard serin. Pour que quand la vie me laissera,
Comme le soleil qui baisse à l’horizon,
Mon âme puisse venir à toi sans remords.
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« Le mont Tremblant abritait des Amérindiens qui ne vieillissaient pas »
De loin aux alentours, on apercevait cette montagne qui abritait un jardin merveilleux au milieu des grands bois. Sous les rayons du midi mûrissaient du maïs, des fèves et des citrouilles. Des rosiers de toutes couleurs s’étendaient sous des arbres chargés de fruits.
Plusieurs fois par jour, le manitou Ewitchi-Saga qui régnait sur les lieux parlait aux ours, aux chevreuils et aux autres animaux qui venaient boire dans un lac d’où les nuages tiraient la rosée. L’air y était si pur que les êtres vivants qui fréquentaient ces bois n’avaient pas d’âge.
Mais un jour, un windigo qui passait par là pensa qu’il était bien bête de ne pas monter sur la montagne pour se charger de fruits et de gibier. Une fois arrivé dans le jardin merveilleux, il commença à remplir son panier d’herbes de vie et à choisir les plus beaux pieds d’ail des bois. Puis, comme le vent se fit entendre et que le soleil disparut, il se dit qu’il fallait faire vite et descendre avant que le mauvais temps se lève.
Il entrait dans le verger lorsque la grêle commença à bondir sur les rochers; il glissa vitement sur son dos un paquet de branches cassées aux arbres fruitiers. Puis, il attrapa deux perdrix grasses qui gardaient leur couvée. Mais le sol tremblait déjà sous ses pieds et il se produisit alors une chose encore plus surprenante. Une rafale de pluie chaude poussée par le souffle du manitou coucha le windigo par terre. Une barre de feu en zigzag s’enfonça dans le roc et traça le lit d’une rivière qui se mit aussitôt à dévaler vers le bas de la montagne.
Le windigo fut projeté dans ces eaux bouillonnantes tandis que l’écho reprenait les bruits de la montagne qui grondait. Une fois entraîné à toute allure dans la prairie où l’eau se répandit, le mauvais esprit fut transformé en une île et condamné à admirer le mont Tremblant pendant toute l’éternité.
« Depuis, il n’est pas rare d’entendre gronder le mont Tremblant. »
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CHEF SEATTLE
Comment peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre; cette idée nous semble étrange; la fraîcheur de l’air et le scintillement de l’eau ne nous appartiennent pas. Comment pouvez-vous nous les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple, chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque brume dans les bois sombres, chaque clairière ou chaque insecte bourdonnant est sanctifié dans la mémoire et l’expérience de mon peuple; la sève qui court à travers les arbre charrie les souvenirs de l’homme rouge. Nous faisons partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ceux-là sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs de la prairie, la chaleur du corps du cheval sauvage et l’homme, tout cela appartient à une même famille. L’eau étincelante qui court dans les torrents et les rivières, n’est pas que de l’eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous souvenir qu’elle est sacrée et que chaque reflet dans l’eau limpide des lacs parle des évènements et des traditions qui ont marqués la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau, c’est la voix du père de mon père. Les rivières sont nos sœurs, elles étanchent notre soif, elles portent nos canoës, et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, il faudra vous en souvenir; et il faudra apprendre a vos enfants que les rivières sont nos sœurs et les vôtres, et désormais vous devrez donner aux rivières la tendresse qu’on accorde à toutes sœurs. Dans les villes de l’Homme Blanc il n’y a pas de coin tranquille, nulle part on ne peut y écouter bruire les feuillages du printemps ou le froissement d’ailes des insectes, mais peut-être est-ce pour cela que je suis un sauvage et ne comprend pas. Le fracas me semble insulter mes oreilles, et qu’y-a-t-il dans la vie d’un homme, s’il ne peut écouter le cri solitaire d’un engoulevent ou les discussions des grenouilles autour d’un étang, la nuit ? Je suis un Homme Rouge et je ne comprend pas; l’indien préfère le bruit subtil du vent qui ride la surface d’un étang et l’odeur du vent, purifié par la pluie de midi ou parfumé par le pin pignon. L’air, l’air est précieux à l’Homme Rouge, parce qu’il sait que toute chose partage le même souffle; la bête, l’arbre et l’homme. Ils partagent tous le même souffle.
TAGANTA MANI
Nous étions un peuple sans lois, mais nous étions en très bons termes avec Le Grand Esprit, créateur et maître de toute chose. Vous présumiez que nous étions des sauvages. Vous ne compreniez pas nos prières. Vous n’essayiez pas de les comprendre. Lorsque nous chantions nos louanges au soleil, à la lune ou au vent, vous nous traitiez d’idolâtres. Sans comprendre, vous nous avez condamnés comme des âmes perdues, simplement parce que notre religion était différente de la vôtre. Nous voyions la main du Grand Esprit dans presque tout : le soleil, la lune, les arbres, le vent et les montagnes, parfois nous l’approchions par leur intermédiaire. Était-ce si mal? Je pense que nous croyons sincèrement en l’Être suprême : d’une foi plus forte que celle de bien des Blancs qui nous ont traités de païens… Les indiens vivant près de la nature et du Maître de la nature ne vivent pas dans l’obscurité. Saviez-vous que les arbres parlent? Ils le font pourtant! Ils se parlent entre eux et ils vous parleront si vous écoutez. L’ennui avec les Blancs, c’est qu’ils n’écoutent pas! Ils n’ont jamais écouté les Indiens, aussi je suppose qu’ils n’écouteront pas les autres voix de la nature. Pourtant, les arbres m’ont beaucoup appris : tantôt sur le temps, tantôt sur les animaux, tantôt sur le Grand Esprit.
CHEF JOSEPH
Tous les hommes ont été créés par le même Esprit Divin. Nous sommes tous frères. Notre terre est la mère de tous les êtres humains, et tous devraient bénéficier de ses bienfaits de manière égale. Je sais que nous autres, Indiens, devons changer… Nous voulons seulement avoir les mêmes droits que les autres hommes, nous voulons être comme faisant partie de l’humanité. Et lorsque l’Indien sera traité par l’homme blanc comme tout autre être humain, alors nous ne connaîtrons plus la guerre. Nous aimerions être les enfants d’une même et seule famille sous un seul et unique ciel entouré du même pays, et nous prions pour que cela advienne.